La Casa

J'ai débarqué à La Paz dans l’immensité bleue de la Cordillère des Andes au son des flûtes de Pan et des charangos du groupe d’enfants musiciens de la Casa « Padre Jean-Marie THOMAS ».

Ils étaient tous là pour m' accueillir, Sylvia et ses énormes bouquets de fleurs, les éducateurs en joie, et les enfants au si merveilleux sourire.

Les 4 heures de route sous le soleil de la pampa me démontrèrent que rien n’avait changé. La pauvreté avait fait place à la pauvreté, mais l’accueil des amis était toujours plus chaleureux. L’Altiplano était tranquille et ses paysages grandioses. Dans quelques jours, je serais le témoin de l’heureux mariage de Fabi avec Vincente. Sylvia dit que le jeune couple se consacre entièrement à la casa de Niños et l'épaule si bien pour faire de la grande maison une véritable famille.

La semaine suivante, nous nous sommes tous lancés dans les préparatifs de la fancy-fair annuelle qui jusque là, avait permis aux habitants de mieux connaître le fonctionnement du projet sans pour autant rapporter un « boliviano ». La construction à l’extérieur d’un petit four d’adobes, l’épluchage du chuño, le lavage des bananes et du maïs, la cuisson du poulet, du riz et du charque nous a amusés pendant trois jours. L’expérience nous a enseigné une meilleure organisation. Max et les enfants avaient ficelé et accroché des ballons de toutes les couleurs pour indiquer le chemin de la Casa. Ils avaient composé des invitations personnelles remises en mains propres dans l’espoir de recevoir tous ceux qui pouvaient comprendre que nous avions besoin d’eux et qui ne s’étaient jamais intéressés au projet.

Le dimanche matin, chacun était à son poste. Le podium était décoré pour accueillir les artistes bénévoles de la Ville d’Oruro qui s’étaient proposés pour animer la journée. Sylvia, Claudine et Jean-Claude, installaient les invités sous les grands parasols rouges prêtés par une brasserie de la ville. Les éducateurs s’activaient dans leur stand, les enfants, en costume traditionnel, se préparaient à exécuter la danse des indiens « Chipayas » .

Je vous parlais de Noël avant Noël, le premier cadeau fut l'arrivée des édiles communaux, les journalistes et la télévision ainsi que des personnalités qui s'étaient toujours désintéressées des enfants des rues. Le second cadeau fut la promesse de la Cie de téléphone ENTEL (vendue à une multinationale italienne par l’ex-président) : l'ameublement de la nouvelle construction de 2005.

La fête s’est déroulée dans la joie et le partage, les gens sont venus nombreux. Ils ont participé financièrement au repas, à la tombola, tandis que les familles démunies du village se répartissaient le travail avec nous, dans la joie et avec l’espoir de développer le projet belge. Pour la première fois, le petit bénéfice de la fête a permis l’achat d’une machine à coudre.

Noël avant Noël … Dulce, Thierry, leurs enfants Mathieu et Eva forment l’équipage du Ker-Tidou, un catamaran qui parcourt les mers depuis 3 ans. Habitants de la région de Wavre, ils naviguent au gré des vents qui les poussent tantôt vers les îles, tantôt vers les côtes africaines ou américaines. La famille jette l’ancre à Buenos Aires afin de visiter les terres d’Amérique latine à bord d’un mobil home de location.

Une panne sérieuse les amène à Oruro. En sirotant un maté de coca presque froid, Dulce et Thierry racontent la vie à bord du Ker-Tidou, les voyages et les escales, puis interrogent quant à la présence des Belges dans l’Altiplano. La casa de Niños devient tout de suite le centre d’intérêt de la famille qui exprime le désir de connaître les enfants et la grande maison de Villa Challacollo.

Enthousiasmés, nos nouveaux amis se mobilisent, contactent leurs connaissances par courriel pour aider à la construction puisqu’il faudra trouver 35.000 $. Ce soir là, ce fut un autre Noël, Dulce et Thierry achètent tous les jouets qui seront déposés au pied du sapin le 25 décembre dans la maison du Padre J.M. Thomas. Thierry est artiste peintre et son meilleur ami, Maire dans la région de Reims, a déjà organisé une exposition en juin 2005 au bénéfice de l’ASBL.

Le 15 novembre, l’Alcalde (Bourgmestre) de la Ville d’Oruro reçoit Jean-Claude et Claudine dans le célèbre salon rouge réservé aux grandes occasions. Les enfants, les bénévoles et le personnel les accompagnent. Ils sont élus « citoyens d’honneur » de la Ville d’Oruro en reconnaissance officielle du travail accompli depuis douze ans. C’est le premier gouvernement municipal de la Ville qui admet publiquement les mérites des membres et donateurs de l’ASBL Amigo Negro Jose. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une aide financière mais d’une marque de confiance qui aidera les plus démunis à s’adresser aux responsables de la casa. Maintenant, ils ne sont plus des étrangers mais des citoyens Orureños.

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