Le plus grand lac de sel du monde, ses îles aux cactus fleuris géants et ses viscachas surprenants.
Alors que le village d'Uyuni (3.700 mètre d'altitude) et ses abords désolants s'estompent, le Salar offre aux touristes rescapés d'une quinzaine d'heures de voyage en bus depuis La Paz, un spectacle éblouissant aux allures de banquise.
Un paysage inoubliable, scintillant de mille feux se déploie sur des kilomètres carrés. Des horizons à l'infini, des illusions, des petits mirages suggérés par les effets d'optique déconcertants du plus grand lac de sel de la planète.....
Étrange impression que cette surface plane presque translucide qui ressemble à une immense patinoire où flottent les montagnes et les volcans. La réflexion du soleil sur les cristaux de sel est magique, on y voit des images insolites comme dans un désert aride où l'on cherche des oasis de verdure pour reposer la vue.
Dans cette immensité lumineuse de blancheur, sous un ciel merveilleusement bleu, il est impossible d'évaluer les distances. Après des kilomètres de voyage blanc, le site offre bien des surprises comme l'île du Poisson qui semble accrochée entre ciel et terre. L'île est presque déserte, mystérieuse telle un vaisseau fantôme sur un océan irréel. Seules quelques personnes silencieuses et souriantes restent au services des visiteurs.
Elle est semée d'une flore d'un tout autre monde, le sol pierreux abrite une multitude de cactus géants tels les soldats d'une vieille armée de 6.000 ans. Les « vizcachas », sorte de rongeurs à longue queue de la famille des chinchillas y ont élu domicile.
Un silence imposant s'est installé au sommet le l'île, endroit de rêve pour ceux qui adorent méditer. C’est comme si le temps y suspendait son vol.
Des kilomètres encore, du blanc étincelant à perte de vue, plus brillant que la neige... On est presque étonné de s'asseoir dessus sans grelotter et puis... apparaît ce petit hôtel perdu en plein milieu du Salar.
Cet hôtel hors du commun, est construit en sel, depuis les murs jusqu'aux meubles, tous les objets que l'on touche ont l'apparence du marbre brut, granité, on se croirait dans un certain conte de fée où la maison était en sucre
Il est évident que les tonnes de réserves de sel que contient le Salar ne servent pas uniquement à offrir un spectacle de toute beauté ou bien encore, à façonner des sculptures ou édifices originaux, elles sont aussi destinées à la production de sel de table.
Dans cet univers blanc, quelques centaines d'hommes creusent et piochent à longueur d'année pour en retirer des blocs de sel non iodé qu'ils iront vendre aux "campesinos" des hameaux oubliés.
Passe-montagne, lunettes noires contre la réverbération du soleil, pieds et mains rongés par le sel, salaire de misère, les ouvriers du Salar ignorent que l'absence d'iode favorise le crétinisme dont sont frappés les paysans des villages perdus dans les montagnes.
Cependant, il existe quelques centres de traitement aux méthodes traditionnelles : le sel est séché dans des anciens fours en pierre, raffiné et emballé dans des sachets de plastique par des enfants de 10 ans qui gagnent 90 cents pour 50 Kgs de conditionnement. La misère règne en maître partout en Bolivie.
En direction de la frontière chilienne, les célèbres lagunas verde et colorada sont le sanctuaire des oiseaux migrateurs. A 4.700 mètres d'altitude, les splendides lagunes sont aussi des territoires occupés par 3 sortes de flamants roses qui apprécient le sel du Salar tout proche.
Imaginez que vous êtes un de ces oiseaux migrateurs si majestueux et que vous survolez le vert intense de la « laguna verde », qui résulte de divers minéraux, délogés de leur lit à cause des remous causés par le vent et remontés à la surface, la couche rouge-ocre des dépôts de sulfure couvrant la « laguna colorada » ou encore la blancheur éclatante du sel sur la « laguna blanca ». Pure merveille pour le regard !
Toutes ces couleurs, déposées sur la palette du peintre dessineraient les plus beaux paysages que l'artiste lui même n'arriverait pas à reproduire.
La vigogne, lama sauvage et protégé, aime elle aussi honorer les lieux magiques de sa présence. Malgré ses airs hautains et dédaigneux, elle est touchante et fragile dans sa jolie robe rousse. Elle fait partie intégrante de la vaste surface plane et poudreuse.
Dernière étrangeté sur le Grand "Ténéré" blanc et pas des moindres, il s'agit de " l’arbre de pierre ". Planté au milieu d’un paysage presque lunaire, cette formation rocheuse, façonnée par le souffle du vent et le sable qui l'habille, est un solitaire, un joyau qu'aucun artiste n'aurait pu imaginer.
A l'heure où la lumière décline, les effets d’ombre sur les parois de ce rocher géant le définissent comme un vrai chef d'oeuvre de la nature. La visite du Salar de Uyuni est une aventure remplie de lumière et de rêve. Elle vous reste à jamais plein les yeux et tout au fond du coeur.