La Bolivie

Le VILLAGE et ses HABITANTS

 

Que dire de ce village paisible, silencieux, magnifique et tellement magique, perdu quelque part dans l'immensité désertique chaude et froide de l'altiplano bolivien. Il est exposé aux tempêtes de sable et balayé par les vents violents qui parlent surtout la nuit sous une multitude d'étoiles scintillantes ?



PROVINCE de ATAHUALIPA

Dans le décor le plus étonnant du monde : une plaine immense et sablonneuse, le territoire des Indiens Chipayas est situé dans l'axe aquatique formé par le lac Titicaca,, le Rio Desaguadero, le Rio Lauca et les lacs Poopó et Coipasa dans la province de Atahualipa.

Les Chipayas ont un mode d'organisation ultra-communautaire, basé sur la démocratie directe et l'entraide du groupe ethnique.

Chassant les flamants roses à la fronde, ils commercialisent également un peu de sel et de quinoa grâce aux dernières caravanes de lamas.


La WALLICHI Koya (chaumière) et le PHUTUKU

 

La principale caractéristique de la Culture Chipaya est son organisation urbaine et la forme de ses habitations coniques réunies par de petits murs d'adobes, en groupes de 3 ou 4 phutukus et wallichi koyas. Chaque groupe représente une famille qui s'agrandit. La maison est la vie, elle est protection contre les vents de l'altiplano et contre les pluies intenses de janvier.

C'est dans sa très petite maison sans meubles que l'Indien Chipaya se réfugie pour se protéger des conditions climatiques extrêmes : la chaleur brûlante du désert ou le froid glacial des nuits polaires.

Elle est le premier cocon de la famille, l'espace qui contient tous les souvenirs bons ou mauvais et le lieu sacré de la continuité du corps et de l'âme.

Avant de commencer ensemble une nouvelle construction les Chipayas font la ch'alla... Les futurs habitants de la willichi koya, les parents, les amis et les voisins offrent de l'alcool, des cigarettes et des feuilles de coca à la Pachamama. La cérémonie silencieuse et bien arrosée dure des heures et une seule faille dans la façon de procédé pourrait entraîner les mauvaises augures.

Juan dit : " l'habitation du plus pauvre est la plus jolie. Jamais elle ne contient de richesses matérielles, c'est bien plus que ça, c'est le refuge absolu. C'est aussi la plante qui n'a pas besoin de racine pour subsister, l'esprit y habite"

chipaya chipaya chullpas

La vaste plaine désertique, territoire des Indiens Chipayas possède pourtant quelques richesses naturelles: la th'ola, arbuste sec et dur qui sert à fabriquer la structure arquée des toits de paille et la paja brava qui recouvre les larges surfaces circulaires.

Le phutuku est construit d'adobes uniquement, c'est le refuge de prédilection des bergers. On le rencontre à des kilomètres à la ronde, c'est un abri sûr pour les gardiens de troupeaux surpris par les eaux du fleuve lors de la saison des pluies.

L'influence de la modernisation a laissé des traces dans le village, mais les nouvelles constructions rondes répondent aux normes de la tradition afin de sauver un mode de vie qui risquerait de disparaître.



L'ESPRIT et les SAGES


La conception de l'Esprit, du Mythe, a des vertus apaisantes au sein de la petite communauté. Le mythe et les traditions ancestrales aident à subsister et à remplir ce besoin de créer qui anime le village.

Le mythe est la forme primitive d'une vie religieuse de l'homme et le rite en est sa forme dramatique.

Juan dit : " Chaque peuple raconte les mythes qui l'identifie et la meilleure manière de se connaître est d'en analyser les rites. Ce que l'on a dans la tête parfois s'envole mais notre coeur dit toujours la vérité "

 

 

RITES et TRADITIONS


La plus grande partie des activités à Chipaya est liée aux rites et traditions comme une condition indispensable à la vie. Les légendes, les mythes et les célébrations sont quelque peu influencés par le christianisme imposé par les Conquistadores.

Le peuple Chipaya n'a pas souffert autant que d'autres peuples des conséquences de la Conquista espagnole. Le climat et l'accès difficile à leur territoire les ont maintenus dans une certaine forme de liberté, sans la préoccupation du progrès.

Les dieux sont généralement des éléments de la Nature qui offrent la possibilité d'une vie meilleure ; le Rio Lauca, la Pachamama, les montagnes du Sajama, el Mallku ( la tour de l'église, les pumas et les condors)

Les Chipayas vénèrent leurs ancêtres. Chaque 1er et 2 novembre, ils exhument leurs défunts, leur font des offrandes et leur demandent protection. Dans le petit cimetière sans murs, les sépultures sont toutes pareilles. Les invisibles sont ensevelis le visage tourné vers la porte de leur willichi koya afin que les membres de la famille restent toujours en contact avec l'âme des ancêtres.

A la Toussaint, les parents dressent au cimetière une table rituelle faite de mottes de terre (habitation du dieu) et destinée au Mallku Lauca.

Sur la table, on dépose les cadeaux qui représentent le règne végétal, animal et minéral, on s'adresse aux défunts pour qu'il conseillent et protègent, on partage avec eux tous les soucis et les plaisirs de la vie au village. A la fin de la cérémonie, les Chipayas s'octroient un long moment de réflexion sur les énigmes de la mort du corps et la continuité de l'âme.

Ensuite, ils rassemblent et brûlent les offrandes avant de les plonger dans le Rio Lauca. Le Mallku veillera sur leur vie comme dans la légende des Chullpas.

Juan dit : "tu vois, nous sommes bien les descendants des Chullpas, il ne s'agit pas que d'une légende, si tu veux vivre, enfonce toi dans les eaux du Rio Lauca et réfléchis, renais de tes cendres, recommence autre chose, trouve le bon chemin, celui qui n'est pas parsemé des épines de la th'ola."

La présence des rites, mythes et légendes influence énormément les activités quotidiennes des Chipayas. Tout est dépendant des dieux et de la façon de se comporter avec eux.

La vision qu'ils ont du Christianisme leur permet d'improviser un mélange subtil et complémentaire dans les coutumes du village.

La petite église date du 18è siècle, elle a une situation stratégique au centre de Chipaya. Elle permet toutes sortes de réunions, elle perpétue les rites et abrite celle que les habitants comparent le plus souvent à la Pachamama : la Vierge Marie (mère de la terre)

Juan dit :" celle qui fait pousser les graines dans le sol, celle qui nourrit son peuple..."

Les semailles, la récolte des pommes de terre, des oignons et de la quinoa sont également motifs de fêtes et de traditions ancestrales. Ces jours là, sur la petite place de l'église, les habitants se rassemblent pour faire entendre le son étrangement andin des sampoñas et des quenas.

Les Indiens Chipayas sont un peuple témoin de nos origines. Leurs conseils et leurs traditions ont franchi les barrières du temps et nous font prendre conscience des valeurs de l'esprit.

 

 

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La wallichi koya est ce qu'on appelle une habitation urbaine. Elle possède un toit recouvert de paille, une sorte de jolie coupole soutenue par une structure de th'ola.

 

Lorsqu'un très jeune couple s'installe dans sa nouvelle willichi koya, une fête de circonstance s'organise. La tradition fait de nouveau appel à la légende des Chullpas. On vit la nuit dès le coucher du soleil, on échange de l'alcool emballé au cours de la journée dans de jolis petits sacs tissés , on s'offre les fameuses feuilles de coca et ce, jusqu'à ce que les tout nouveaux propriétaires s'accoutument aux jours et aux nuits.

 

La jolie petite église a été réfectionnée par les Chipayas eux-mêmes.

 

 

Accueil à Ayparavi, village de Chipayas

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