La Bolivie

Reportage d'un événement vécu


Le vol du samedi 11 Octobre s'est étiré, long et monotone comme à chaque fois, sans anicroche, sans rien qui sorte un peu de l'ordinaire... Une escale de 4 heures à Sao Paulo derrière les vitres de la salle des pas perdus fut le couronnement de la monotonie.

La petite cafétéria ne désemplissait pas, les passagers trahissaient l'ennui : des tas de regards fatigués se croisaient sans se voir tandis qu'une jolie voix off annonçait les embarquements de minute en minute. Une multitude de gens de toutes nationalités s'engouffrait dans les portes.

Les heures s'étaient égrenées .... des Boliviens inquiets qui rentraient au pays, et quelques touristes encombrés de gros sacs à dos attendaient leur tour avec une certaine impatience.

Nous serions tous à La Paz le 12 octobre pour le repas de midi....

A Santa Cruz de la Sierra, le boeing se pose comme un oiseau migrateur sur le tarmac du petit aéroport et le pilote brésilien prévient sans sourcilier que n'allons pas plus loin. Les nouvelles en provenance de "El Alto" sont impressionnantes, les paysans sont en colère, une mobilisation massive de la population matérialise la lutte contre la politique de Gonzalo Sánchez de Lozada. Des blocages de routes, des grèves et des affrontements avec les forces de l'ordre concrétisent "la guerre du gaz". Il n'est donc pas prudent de se rendre à La Paz.

L'insistance des passagers plus ou moins tracassés par les conseils négatifs du commandant de bord, décide enfin le pilote à continuer le vol. Nous débarquons 2 heures plus tard dans un aéroport vide sous contrôle de l'armée. Pas de taxi pour se rendre en ville à quelques 20 kilomètres, route asphaltée fermée, il ne reste plus qu'à prendre son courage à 2 mains pour descendre le long de la vieille route le plus rapidement possible. Javier et sa femme sont là, ils ont mis quelques heures pour venir de la ville à pied et se chargent de la protection des passagers. passagers de l'avion.

En face, sur le goudron, des tirs nourris éclatent, les gaz lacrymogènes me prennent à la gorge, un brouillard épais à l'odeur âcre touche le bleu du ciel pour l'obscurcir, des cris de colère et de tristesse soulèvent la montagne. Il faut courir dans les ruelles désertes de El Alto. A 4.000 mètres d'altitude, lorsqu'on vient à peine de débarquer, l'effort physique n'est pas recommandé.

En ville, c'est la consternation : rues dépavées, émeutes sanglantes... Toutes les routes sont bloquées, l'accueil de Don Jose à l'hôtel réchauffe le coeur.

L'hôtel "La Valle" est modeste mais confortable et propret, l'accueil est amical et le personnel protecteur. On s'y sent comme chez soi.... surtout quand Don Jose rabaisse le lourd volet métallique. En effet, "La Valle" est situé comme son nom l'indique dans la rue Evaristo Valle à 500 mètres de la place San Francisco, lieu privilégié des rassemblements de masse et des manifestants de tout bord.

Ce dimanche 12 octobre 2003 n'était pas un dimanche comme les autres, La colère grondait et les campesinos arrivaient nombreux des 4 coins du pays. "Goni" ( Gonzalo Sánchez de Lozada ), le seul dictateur réélu "démocratiquement" devait démissionner. La guerre du gaz éclatait. Si vous chercher à connaître la politique bolivienne, vous pourrez puiser tous les renseignements désirés là ou encore là. ( photos des affrontements avec l'armée )

Ce que je peux vous dire, c'est que j'étais là, que j'ai eu faim comme le peuple, que j'ai pleuré sous les fumées des gaz lacrymogènes comme le peuple et que nous avons vu la violence, les enfants en larmes et les femmes au combat.

A la "Casa de Niños", Sylvia et les enfants étaient sans nouvelles. Nous étions séparés par quelques heures de bus, les routes bloquées et les services de communications muets. Il fallait attendre...

Les photos se passent de tout commentaire © reportage Cloé

Photos du reportage

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